Interlude est un petit plat de 5 morceaux, mais qui a cette magie de rassasier tous les mélomanes qui ont faim de rap, aussi nombreux soient-ils, aussi dure que pourrait être la famine.
Avant que le feu de joie enflamme la toile, Gun Mor nous offre Interlude.
Un interlude se définit ici comme une pièce de musique s’inscrivant entre deux produits jugés plus importants, plus cruciaux.
Seulement, ce coup du Gun n’est point un tir de sommation, c’est une balle réelle qui brûle déjà nos oreilles.
Dès l’incipit, Gun Mor crie à qui veut l’entendre la complexité de son rap : Complex, un son egotrib où le rappeur de keur Mbaye fall affiche toutes ses palettes et facettes ; il se définit complexe et complet, avec une pluralité de flow à ne point compter.
Il s’exclame : << je ne suis pas le bouc émissaire, je suis le book et ses mystères >>
Un jeu de mot ( témoin symbolique d’ailleurs) qui montre que son chant est un livre profond et mystérieux où le mélomane vient s’en nourrir pour en revenir plus connaisseur.
Le deuxième morceau de ce Ep en est la preuve, là où le rappeur, tel un philosophe soif de morale, s’interroge sur l’alternance du bien et du mal dans la société.
Ce pays vacille en effet entre le good et le bad, sauf que le bad prend des proportions assez intrigantes. Dans un pays où on aime la voie facile, on s’egare forcément du chemin du bien. Des fils d’imam perdus dans les boites, des petites filles à la débauche, des pères pédophiles et sans scrupule, des écoles dévergondées, des fortunes sales… l’artiste, fin observateur, attentif, nous décrit une société qui se perd et perd sa quintessence.
Il s’appuie de surcroit sur la perception profane du bien et du mal aux yeux des gens. Le bienfaiteur est considéré comme un fou, le mal est normalisé, le micro sucé par les ignorants, les grands voleurs jugent les petits voleurs… Quoique les choses positives demeurent encore, il n’en demeure pas moins qu’elles ne pèsent qu un fétu au vu du poids immense du mal sur la balance.
Lo def ? Cette remise en question du rappeur vient mettre les points sur les i et les barre sur les T : tout ce qui se raconte n est pas forcément un préjugé. Parfois, le chant du griot, qu’il soit en bien ou en mal, reflète juste les actes que nous avons nous-même posés. Celui qui distribue des ondes positives autour de lui, valorise ses parents, est en paix avec tout le monde, doit son beau chant à ses propres actes appréciables et appréciés.
Par contre, quand tu vis pour le mal, dans le mensonge, sème une pomme discorde entre les gens, ne te plains pas si l’on crit ton infamie. Nous sommes dans une société où le mal est aussi peblisité que le bien. À nous de choisir la chanson qui nous sera dédiée à la place publique.
Def 4 ou le gatsa-gatsa ! Là, il s’agit de répondre le bien par le bien, le mal par le mal. Nous sommes dans un monde où l’on est obligé de prendre telle posture, sinon on se laisse écraser. le rappeur fait valoir cette philosophie avec un style d’écriture très rythmé, des figures imagées ( menuisier nga kay niou dadianté, maçon… kay niou raxanté) l’utilisation de la métaphore filée et des punchlines mortelles ( lébu la am nga fit kay niou napanté) Tout cela pour dire : << loma def lalay délo >>
par SOCOPLUME